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L’hégémonie coloniale occidentale sur le monde et la division de la carte du monde

Dans le cadre du Forum sino-tunisien et à l’occasion du 80e anniversaire de la victoire de la résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise, le Dr Maher Guida, est un expert-comptable et enseignant universitaire de renom, reconnu en Tunisie et à l’échelle internationale. Il a occupé le poste de vice-président de l’Ordre des Experts-Comptables de Tunisie et possède plus de trente ans d’expérience dans le domaine de la finance, de l’audit et des systèmes d’information. Sa vision éclairée des enjeux financiers et stratégiques dans un contexte de révolution digitale et d’intelligence artificielle fait de lui une référence incontournable, a présenté une intervention sur le deuxième axe du forum, « Conflits internationaux et appel de la Chine à une paix et une sécurité globales ».

Le Dr Maher Guida a soulevé de nombreuses questions, dont la plus importante concernait L’hégémonie coloniale occidentale sur le monde et la division de la carte du monde

Intervention de Dr Maher Guida : L’hégémonie coloniale occidentale sur le monde et la division de la carte du monde

La logique derrière l’impérialisme occidental depuis le 18e siècle est un phénomène complexe et multifactoriel, souvent résumé en une combinaison de motivations économiques, politiques et idéologiques.

  1. Les motivations économiques

La principale force motrice de l’impérialisme à partir de la Révolution industrielle a été l’économie.

 * Recherche de matières premières : Les industries européennes avaient un besoin insatiable de matières premières non disponibles sur le continent, comme le coton, le caoutchouc, le cuivre, le pétrole et le charbon. Le contrôle direct des territoires coloniaux garantissait un approvisionnement constant et bon marché.

 * Ouverture de nouveaux marchés : Les colonies servaient de marchés captifs pour les produits manufacturés des métropoles. Les lois coloniales interdisaient souvent aux colonies de commercer avec d’autres puissances, forçant la population locale à acheter les biens de la mère patrie.

 * Opportunités d’investissement : Le surplus de capitaux en Europe a cherché des rendements plus élevés dans les colonies, finançant des projets d’infrastructure (chemins de fer, ports) et des exploitations minières ou agricoles, souvent au détriment des populations locales.

  1. Les motivations politiques et stratégiques

La compétition entre les puissances européennes a été un moteur essentiel de l’expansion.

 * Prestige et pouvoir national : Avoir un vaste empire colonial était un symbole de grandeur, de puissance et de prestige pour une nation. La “course aux colonies”, notamment le “Scramble for Africa” (la ruée vers l’Afrique) à la fin du 19e siècle, était une compétition féroce pour des territoires qui n’avaient parfois qu’une valeur symbolique.

 * Avantages géopolitiques : Le contrôle des colonies offrait des bases navales stratégiques, des points de ravitaillement pour les flottes et des positions de pouvoir pour surveiller les routes maritimes et les rivaux. Le contrôle du canal de Suez par les Britanniques en est un exemple parfait.

  1. Les justifications idéologiques et culturelles

Pour légitimer cette domination, les puissances impérialistes ont développé des idéologies qui se présentaient comme une mission morale.

 * La “mission civilisatrice” : Cette idéologie, particulièrement populaire en France et en Grande-Bretagne, prétendait que les puissances occidentales avaient le devoir moral d’apporter le progrès, la civilisation, la religion (christianisme), la technologie et la médecine aux peuples qu’elles considéraient comme “arriérés” ou “sauvages”. C’était un paternalisme teinté de racisme qui justifiait la domination par un prétendu bienfait pour les colonisés.

 * Le nationalisme : Au 19e siècle, l’idée de nation s’est renforcée, incitant les citoyens à soutenir l’expansion coloniale comme un moyen d’accroître la force et la gloire de leur patrie. Les rivalités nationalistes en Europe se sont exportées sur la scène mondiale.

 * Le darwinisme social : Appliquant de manière erronée la théorie de l’évolution de Charles Darwin, cette idéologie prétendait que les nations étaient en concurrence pour la survie et que les nations les plus “fortes” et les plus “aptes” (à savoir les puissances occidentales) étaient destinées à dominer les plus “faibles”. Cette idéologie a fourni une justification pseudo-scientifique à la domination et à la hiérarchie raciale.

En résumé, la logique de l’impérialisme occidental était un mélange opportuniste de besoin économique, d’ambition politique et d’idéologies de supériorité culturelle, le tout rendu possible par une supériorité technologique et militaire.

Le darwinisme social est une théorie pseudo-scientifique qui applique les principes de la sélection naturelle de Charles Darwin aux sociétés humaines. Il postule que, tout comme dans la nature, la compétition entre individus, groupes ou nations est un moteur d’évolution et que les plus “aptes” (les plus forts, les plus riches, les plus intelligents) sont destinés à dominer, tandis que les plus “faibles” disparaissent.

Cette théorie a été popularisée par le philosophe britannique Herbert Spencer qui a inventé l’expression “survie du plus apte” avant même que Darwin ne la reprenne. Le darwinisme social n’est pas une théorie de Darwin lui-même, qui a au contraire insisté sur l’importance de la coopération et de l’empathie dans l’évolution humaine.

Principes et dérives

Le darwinisme social repose sur plusieurs principes clés :

 * La compétition comme loi universelle : Il considère que la lutte pour l’existence est le principal moteur du progrès social.

 * Hiérarchisation des sociétés : Il justifie les inégalités sociales, économiques et raciales en les présentant comme le résultat d’une sélection naturelle.

 * Non-interventionnisme : Il s’oppose souvent aux politiques sociales, aux aides aux plus démunis ou aux réglementations, arguant que l’État ne doit pas interférer avec le processus de sélection naturelle.

Ces idées ont été largement utilisées pour justifier l’impérialisme, le colonialisme, le racisme et l’eugénisme au XIXe et au début du XXe siècle. Elles ont été totalement discréditées par la communauté scientifique, qui a démontré leur absence de fondement scientifique et leur caractère idéologique.

La logique qui gouverne le partage du monde par les Occidentaux du XIXe au XXIe siècle est celle de l’impérialisme et du néocolonialisme, fondée sur des motivations à la fois économiques, politiques et culturelles.

 * Au XIXe siècle : L’impérialisme se manifeste par la conquête coloniale. La révolution industrielle crée un besoin de matières premières, de nouveaux marchés pour les produits manufacturés, et de débouchés pour les capitaux excédentaires. Les États-nations cherchent à affirmer leur puissance et leur prestige à travers la possession d’empires coloniaux, souvent justifiée par une idéologie de la supériorité raciale et civilisationnelle, la « mission civilisatrice ».

 * Au XXe et XXIe siècles : Après les indépendances, cette logique se mue en néocolonialisme. La domination n’est plus territoriale, mais s’exerce par des moyens économiques, financiers et politiques. Le contrôle des ressources, l’imposition de modèles économiques libéraux via des institutions internationales comme le FMI ou la Banque Mondiale, et la dépendance technologique et culturelle perpétuent un système de domination qui profite aux anciennes puissances coloniales et à leurs multinationales. La mondialisation a accéléré ce processus.

Le processus idéologique d’infériorisation des populations colonisées est une construction de la “psychologie coloniale”. Il repose sur la destruction des cultures locales et l’imposition de la culture du colonisateur comme étant supérieure.

Voici ses mécanismes :

 * Destruction culturelle : Les institutions et les traditions des populations colonisées sont dévalorisées et présentées comme archaïques ou primitives. Le colonisateur impose ses propres langues, valeurs et systèmes éducatifs, qui relèguent les savoirs locaux au second plan.

 * Aliénation psychologique : Les colonisés intériorisent le discours de leur propre infériorité. Selon Frantz Fanon et Albert Memmi, cette aliénation se manifeste par l’adoption du langage et des mœurs du colonisateur dans l’espoir de s’élever, tout en étant constamment confrontés à leur propre infériorité perçue.

 * Justification “scientifique” : Au XIXe siècle, des théories pseudo-scientifiques (comme le darwinisme social et des théories raciales) sont utilisées pour “prouver” l’infériorité raciale des colonisés, justifiant ainsi la mission coloniale comme une “mission civilisatrice”.

Ce processus crée un sentiment d’identité violée ou déformée, un “complexe du colonisé” qui peut persister longtemps après la décolonisation.

Voilà les thèmes qui seront  abordés lors de ma présentation

Des membres de l’Église catholique ont débattu si les peuples indigènes des Amériques avaient une âme, car cela aurait justifié leur asservissement. Ce débat a culminé avec la controverse de Valladolid (1550-1551), qui a finalement reconnu leur humanité. Le pape Paul III a également affirmé leur humanité dans la bulle papale Sublimis Deus en 1537, interdisant leur asservissement. Concernant les personnes noires, l’Église a condamné la traite et l’esclavage, mais certains catholiques ont justifié l’esclavage en se basant sur la malédiction de Cham, une interprétation de la Bible.

En 1537, la bulle papale Sublimis Deus du pape Paul III a déclaré que les Amérindiens étaient de “véritables hommes” avec une âme, et a interdit leur mise en esclavage. Cependant, cette condamnation n’a pas empêché les pratiques d’esclavage, et l’Église a parfois toléré ou bénéficié de l’esclavage des Noirs. De plus, bien que l’Église ait défendu l’humanité des Amérindiens, elle a également été impliquée dans des politiques de colonisation et d’assimilation forcée (comme les pensionnats pour Autochtones), ce qui a contribué à la destruction de leurs cultures et de leurs sociétés, un processus que le pape François a qualifié de “génocide culturel”.

Voici une chronologie plus détaillée de la colonisation et de la décolonisation :

XVᵉ-XVIᵉ siècles : Le temps des grandes découvertes et des premiers empires

 * Fin du XVᵉ siècle : Début de l’expansion maritime et de la colonisation par les puissances ibériques.

   * 1492 : Christophe Colomb atteint l’Amérique, marquant le début de la colonisation espagnole.

   * 1494 : Le Traité de Tordesillas divise les nouvelles terres entre l’Espagne et le Portugal.

   * 1498 : Vasco de Gama atteint l’Inde, ouvrant la voie à l’empire commercial portugais.

 * XVIᵉ siècle : L’Espagne et le Portugal établissent de vastes empires en Amérique du Sud, centrale et dans les Caraïbes. La France et l’Angleterre commencent également à explorer l’Amérique du Nord.

XVIIᵉ-XVIIIᵉ siècles : L’expansion et l’enracinement

 * XVIIᵉ siècle : D’autres puissances européennes, comme la France, les Pays-Bas et l’Angleterre, se lancent dans la course aux colonies, notamment en Amérique du Nord (Nouvelle-France, les treize colonies) et dans les Caraïbes.

 * XVIIIᵉ siècle : Rivalités coloniales entre les grandes puissances. Le Royaume-Uni prend le dessus, notamment après la Guerre de Sept Ans, s’emparant de la Nouvelle-France et renforçant sa présence en Inde.

XIXᵉ siècle : La seconde vague de colonisation et l’apogée des empires

 * Début du XIXᵉ siècle : La majorité des colonies espagnoles et portugaises d’Amérique latine accèdent à l’indépendance.

 * Années 1830 : Début de la colonisation française de l’Algérie (1830).

 * Seconde moitié du XIXᵉ siècle : L’Europe connaît une phase d’industrialisation et de forte expansion, poussant de nouvelles puissances (Allemagne, Belgique, Italie) à se lancer dans la colonisation. C’est la “ruée vers l’Afrique”.

 * 1884-1885 : La Conférence de Berlin organise le partage de l’Afrique entre les puissances européennes, sans la moindre considération pour les populations locales.

 * Fin du XIXᵉ siècle : La quasi-totalité de l’Afrique et de l’Asie du Sud-Est est sous domination coloniale.

XXᵉ siècle : La décolonisation

 * Après 1945 : Les deux guerres mondiales affaiblissent les empires coloniaux et renforcent les mouvements d’indépendance.

   * 1947 : L’Inde et le Pakistan obtiennent leur indépendance du Royaume-Uni.

   * 1954 : Défaite française à Dien Bien Phu et accords de Genève, entraînant l’indépendance de l’Indochine (Vietnam, Laos, Cambodge). Début de la guerre d’Algérie.

   * Années 1950-1960 : Vague d’indépendances en Afrique du Nord (Maroc, Tunisie, Algérie) et en Afrique subsaharienne.

   * 1960 : Surnommée “l’année de l’Afrique”, elle voit 17 pays africains accéder à l’indépendance.

 * Années 1970 : La décolonisation se termine avec l’indépendance des colonies portugaises (Angola, Mozambique) après la Révolution des Œillets en 1974.

Rôle des États-Unis et de la France

États-Unis :

Bien que les États-Unis n’aient pas participé militairement à la Première Guerre de l’opium, ils ont profité des concessions arrachées par la Grande-Bretagne. En 1844, ils signent le Traité de Wanghia, qui leur octroie des privilèges commerciaux similaires, incluant les droits d’extraterritorialité (les citoyens américains en Chine sont jugés par les lois américaines, et non chinoises). Lors de la Seconde Guerre de l’opium, les États-Unis s’allient à la France et à la Russie pour demander une révision des traités existants, cherchant à étendre leur commerce en Chine.

France :

La France ne joue un rôle majeur qu’à partir de la Seconde Guerre de l’opium, où elle s’allie militairement avec la Grande-Bretagne. La France justifie son intervention par l’exécution d’un missionnaire français, l’abbé Auguste Chapdelaine. Les forces françaises et britanniques bombardent Canton, s’emparent de Tianjin et de Pékin, et pillent le Palais d’Été en 1860, un événement qui symbolise l’humiliation infligée à la Chine. Le Traité de Tianjin et la Convention de Pékin accordent à la France de nouvelles concessions, dont l’ouverture de onze ports supplémentaires, la légalisation du commerce de l’opium, et le droit pour les missionnaires catholiques de posséder des terres et de prêcher.

Humiliation et conséquences à long terme

Les guerres de l’opium ont marqué le début du « siècle d’humiliation » pour la Chine, une période de déclin où le pays a été forcé d’accepter des traités inégaux et de céder sa souveraineté aux puissances étrangères. Cette période a directement influencé la perception que la Chine avait d’elle-même en tant que “centre du monde civilisé”, une vision ébranlée par la défaite face aux nations occidentales et, de manière particulièrement humiliante, face au Japon.

Défaite face au Japon :

Le Japon, observant le déclin de la dynastie Qing, a entrepris une modernisation rapide à la fin du XIXe siècle (ère Meiji). La Première Guerre sino-japonaise (1894-1895) est le point culminant de cette inversion de pouvoir. Le Japon, anciennement considéré comme un État tributaire inférieur, a facilement vaincu les forces chinoises. Cette défaite a révélé la faiblesse militaire de la Chine et l’échec de ses tentatives de modernisation. Le Traité de Shimonoseki qui en a résulté a contraint la Chine à céder la péninsule du Liaodong, Taïwan et les îles Pescadores au Japon et à payer une énorme indemnité.

Cette humiliation a nourri un sentiment nationaliste au sein de l’élite et du peuple chinois, et a contribué aux soulèvements qui ont finalement conduit au renversement de la dynastie Qing en 1911. Le Parti communiste chinois (PCC) a par la suite utilisé le slogan “N’oubliez jamais l’humiliation nationale” pour légitimer son pouvoir et sa vision de la Chine comme une puissance mondiale rétablie, cherchant à venger les humiliations passées.

chronologie résumée des guerres de l’opium :

Première guerre de l’opium (1839-1842)

 * Causes : La Chine tente de mettre fin au commerce illégal d’opium pratiqué par les Britanniques.

 * Déclenchement : Lin Zexu, un fonctionnaire chinois, confisque et détruit une grande quantité d’opium à Canton en 1839.

 * Événements majeurs : Le Royaume-Uni envoie des forces armées qui s’emparent de plusieurs villes portuaires chinoises.

 * Fin : Le traité de Nankin est signé en 1842, forçant la Chine à :

   * Céder Hong Kong au Royaume-Uni.

   * Ouvrir cinq ports au commerce international.

   * Payer une importante indemnité.

Seconde guerre de l’opium (1856-1860)

 * Causes : Les puissances occidentales, dont la Grande-Bretagne et la France, veulent obtenir de nouvelles concessions commerciales et diplomatiques de la Chine.

 * Déclenchement : L’incident de l’Arrow en 1856 sert de prétexte à une intervention militaire.

 * Événements majeurs : Les forces franco-britanniques envahissent la Chine et avancent jusqu’à Pékin.

 * Fin : La convention de Pékin est signée en 1860, légalisant le commerce de l’opium et obligeant la Chine à ouvrir Tianjin au commerce et à payer des indemnités supplémentaires.

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