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Gouvernement : les différents profils pour succéder à Gabriel Attal à Matignon

Grégoire Poussielgue

22-08-2024

Après sept petits mois à Matignon, Gabriel Attal devrait être remplacé dans les jours qui viennent. Le nom du futur Premier ministre est tributaire des consultations que mènera Emmanuel Macron à partir de vendredi avec les différentes forces politiques représentées au Parlement. Revue de détail des noms les plus fréquemment évoqués.Emmanuel Macron va recevoir à partir de vendredi les différents chefs de parti et de groupe au Parlement pour tenter de trouver une porte de sortie à la situation créée par les résultats des élections législatives. La nomination d’un Premier ministre devrait intervenir dans la foulée, même si l’Elysée se garde de donner le moindre calendrier. Passage en revue des candidats dont les noms sont les plus fréquemment cités.

Lucie Castets

La représentante du Nouveau Front populaire (NFP), qui réunit La France insoumise (LFI), le parti socialiste (PS), les écologistes et les communistes, fait le forcing pour devenir Première ministre. Agée de 37 ans, elle est énarque, passée par la direction du Trésor, Tracfin et la Mairie de Paris, où elle s’est occupée des finances. Cofondatrice de l’association Nos services publics, elle n’a jamais été élue.

Désignée candidate de son camp pour le poste après d’intenses tractations, elle s’estime légitime car le NFP, avec 193 députés, est la première force au Palais-Bourbon. Elle se rendra vendredi avec toutes les composantes du NFP pour rencontrer Emmanuel Macron et plaider sa cause. « Nous lui dirons que nous sommes prêts à travailler, que nous sommes sérieux et ensemble », a-t-elle déclaré mercredi à « Libération ».

Mais Lucie Castets représente également un camp dans lequel les divisions sont revenues en force depuis que LFI a émis l’hypothèse d’une procédure de destitution d’Emmanuel Macron si elle n’était pas nommée, et dont la présence de ministre LFI dans un éventuel gouvernement qu’elle dirigerait constitue une ligne rouge pour le camp Macron, la droite et l’extrême droite.

Son gouvernement aurait une durée de vie plus que limitée. Il n’empêche, le NFP maintient la pression sur le président de la République. « Il est plus que temps maintenant de passer à l’action : comme dans toutes les démocraties parlementaires, la coalition arrivée en tête doit pouvoir former un gouvernement et se mettre au travail », ont écrit les représentants du NFP dans une lettre aux Français publiée ce jeudi.

Xavier Bertrand

Le président de la région Hauts-de-France, ancien ministre de Nicolas Sarkozy, voit son nom régulièrement évoqué pour devenir Premier ministre. « Il fait partie des candidats possibles », confirme l’Elysée tandis que l’entourage de l’intéressé ne cache pas qu’il se prépare.

Xavier Bertrand peut compter sur le soutien de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur sortant et d’une partie de la droite. Certains, à gauche de la Macronie, l’estiment aussi capable de rallier à lui la gauche modérée, le centre et la droite sociale. « Il y a des noms de la droite sociale qui sont capables de faire une coalition, Xavier Bertrand par exemple », a déclaré jeudi l’ancien ministre des Transports, Clément Beaune, sur TF1.

La nomination de Xavier Bertrand, qui ne cache pas ses ambitions pour l’Elysée en 2027 après avoir dû renoncer en 2022, permettrait à Emmanuel Macron de « sécuriser » une partie des votes de la droite parlementaire. Elle serait à contre-courant des déclarations des Républicains, qui ont indiqué après les législatives ne pas vouloir participer à un gouvernement (tout en acceptant de soutenir certaines mesures).

Mais elle ne serait pas sans risque, puisque Xavier Bertrand entretient des relations pour le moins difficiles avec Laurent Wauquiez, le nouveau président du groupe LR à l’Assemblée nationale. Elle serait aussi vue comme une déclaration de guerre à gauche. « Xavier Bertrand est issu d’une famille politique qui a fait un score catastrophique aux européennes et catastrophique aux législatives », a dénoncé Marine Tondelier, secrétaire nationale des écologistes.

Bernard Cazeneuve

L’ ancien Premier ministre de François Hollande , qui est resté moins de six mois à Matignon à la toute fin du quinquennat du dernier président socialiste, a vu aussi son nom revenir en force au cours des derniers jours. L’Elysée l’évoque aussi comme une possibilité. Issu du PS, qu’il a quitté au moment de la formation de la Nupes, il entend porter une voix différente à gauche : ferme sur les valeurs de la République et avec l’expérience du pouvoir. Il laisse entendre que revenir à Matignon l’intéresserait. « Je n’ai jamais refusé de mettre de la sagesse là où il y a de la déraison », a-t-il déclaré mi-juillet.

Sur le papier, l’avantage de Bernard Cazeneuve est qu’il pourrait bénéficier du soutien d’une partie des députés socialistes, notamment ceux qui ne sont pas favorables au NFP, à l’aile droite du PS, tout en évitant la censure des députés de droite modérée. Mais l’hypothèse de sa nomination suscite une levée de boucliers des écologistes et de LFI, qui voient en lui le symbole de la « trahison » du quinquennat de François Hollande et le jugent trop compatible avec Emmanuel Macron.

Valérie Pécresse

Le nom de la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, a également été évoqué, notamment dans « Le Figaro ». Candidate malheureuse à la présidentielle de 2022, elle bénéficie du succès des Jeux Olympiques de Paris et représente une droite modérée compatible avec la gauche. Mais l’histoire risque de s’arrêter là. « Valérie Pécresse n’a pas eu de contact avec l’Elysée sur une nomination à Matignon et n’est pas candidate », assure son entourage.

Karim Bouamrane

Issu du PS, le maire de Saint-Ouen a été à plusieurs reprises cité dans la presse, notamment depuis que le « New York Times » et « Die Welt » lui ont consacré des portraits louangeurs. S’il ne renie pas le NFP, il n’en est pas moins artisan d’une ligne dure face à LFI et veut aller plus loin dans les compromis avec les autres forces politiques.

Le socialiste a des adeptes dans son camp, mais aussi de farouches opposants. « Le Nouveau Front populaire doit trouver un chemin pour que l’espoir suscité le 7 juillet se traduise concrètement par des avancées sociales, sur le front de la santé, du logement ou de la sécurité », a-t-il déclaré au « Monde » en début de semaine.

Mais Karim Bouamrane, devant l’engouement médiatique qu’il a suscité, est venu calmer les ardeurs de ceux qui le voyaient déjà à Matignon. « Je suis socialiste, j’ai soutenu le NFP et donc je soutiens Lucie Castets, laquelle doit être nommée Première ministre. Il n’y a pas de sujet. Je n’ai aucune ambition personnelle et l’Elysée ne m’a rien proposé », a-t-il déclaré à « La Voix du Nord ».

Un candidat mystère

Un haut fonctionnaire ? Un préfet ? Une personnalité issue de la société dite « civile » ? Un politique sur le retour ? Emmanuel Macron peut aussi sortir une surprise de son chapeau à l’issue des entretiens qu’il mènera. Au cours de ses deux quinquennats, le chef de l’Etat a déjà joué la surprise, en choisissant par exemple Jean Castex, « M. déconfinement », pour succéder à Edouard Philippe en juin 2020. Mais cette perspective, si elle peut paraître séduisante sur le papier en plaçant un tel Premier ministre au-dessus de la mêlée partisane, se révèle aussi périlleuse. Notamment parce que l’examen du budget , prévu à l’automne, obligera n’importe quel gouvernement, quelles que soient sa couleur ou sa composition, à faire des choix structurants, et donc très politiques.

 

 


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