“Les forces soudanaises reprendront bientôt la ville d’El-Fasher et la communauté internationale doit classer la milice de soutien rapide comme une organisation terroriste” (Ambassadeur soudanais en Tunisie)

By Narjess Bdira : Département de recherche, d’études stratégiques et de relations internationales
L’ambassadeur du Soudan en Tunisie, Boukhari Ghanem Mohamed, a affirmé, vendredi, que les forces de l’armée soudanaise reprendront bientôt la ville d’El-Fasher (ouest du Soudan) après qu’elle ait été contrôlée le 27 octobre courant par la milice paramilitaire ”les Forces de soutien rapide (FSR)”, appelant la communauté internationale à classer ces forces comme une “organisation terroriste” en raison des crimes et du génocide qu’elles ont commis contre le peuple soudanais sans défense.
Le diplomate soudanais a expliqué dans une interview accordée à l’Agence TAP, que les forces soudanaises sont en état d’alerte maximale et répondront avec force à la milice des FSR, pour les tenir responsables de leurs crimes atroces.
“Ces terroristes ont touché des milliers de civils”, dit-il tout en précisant que plus de 400 civils malades dans un hôpital d’El-Fasher avaient été victimes d’exécutions sommaires en une seule journée par des mercenaires des FSR, sans aucune raison.
Il a souligné également que le retrait de l’armée de la ville d’El-Fasher récemment “n’est qu’un retrait tactique pour mieux élaborer un plan stratégique visant à éliminer les restes de ces mercenaires”.
Les Forces de soutien rapide au Soudan ont annoncé plus tôt leur prise de contrôle du quartier général de la sixième division de l’armée à El-Fasher, qui est le quartier général principal de l’armée dans cette ville, après des combats violents et un siège de 18 mois.
“Punir tous ceux qui ont causé des actes criminels dans la ville d’El-Fasher, qui a vécu un blocus étouffant pendant plus de 500 jours”, a martelé l’ambassadeur soudanais tout en insistant sur “la nécessité de mettre fin à la campagne de nettoyage ethnique et aux exécutions sommaires faites par les mercenaires qui ont reçu un soutien extérieur en matériel, en armes et en drones de combat.”
Boukhari Ghanem a confirmé que le nombre de morts “augmente chaque jour en raison des atrocités commises par les FSR”, ajoutant que les scènes de meurtres de masse et d’incendies représentent “des crimes contre l’humanité et les Droits de l’Homme, ce qui nécessite une intervention urgente pour les stopper, les condamner et tenir les responsables pour compte”.
Et d’ajouter : “Le nombre de morts depuis le début de la guerre au Soudan en 2023 a dépassé les 14 000 morts”, en poursuivant que “ce qui se passe aujourd’hui à El-Fasher avec des actes de meurtre, de déplacement et de massacres, nous rappelle la guerre d’extermination vécue par le Rwanda en 1994” aux mains des dirigeants extrémistes du groupe Hutu contre la minorité de la tribu Tutsi.
Il a souligné dans ce contexte l’importance pour la communauté internationale de prêter attention aux objectifs de ces milices hors-la-loi et de veiller à ce qu’elles ne restent pas impunies.
Bukhari Ghanem a considéré que tout ce qui se passe dans son pays est dû aux “interventions extérieures dans les affaires du Soudan et à la tentative de certaines puissances extérieures d’exploiter ses richesses”, soulignant que le Soudan est “un pays riche en pétrole et que la tentative de le diviser n’est qu’une manifestation de vénalités extérieures claires pour s’emparer de ses ressources naturelles”.
En ce qui concerne la réaction de la communauté internationale face aux crimes commis à El-Fasher, l’ambassadeur soudanais en Tunisie a affirmé que “le silence international est suspect” et que “la communauté internationale demeure passive quant à la prise de ses responsabilités sécuritaires et morales envers la protection des civils”.
Il a déclaré dans cette perspective que “cette inertie affaiblit la confiance dans le système de sécurité et de paix internationaux et donne aux violateurs du droit international plus d’espace pour échapper à la punition et continuer à commettre leurs abus sans la moindre contrainte”.
Le diplomate soudanais a mentionné, de surcroit, la situation catastrophique à El-Fasher qui annonce des conséquences humanitaires et sécuritaires graves qui dépasseraient les frontières du Soudan et dont les effets s’étendront à l’ensemble de la région.
Il a poursuivi en disant : “Malgré cela, et malgré les abus et la rébellion du groupe Rapid Support en 2023 à Khartoum et au centre. Le Soudan et le Kordofan, mais le pays n’a jamais connu de famine en raison de sa richesse en ressources naturelles et en eau et de sa résilience durant cette période.
Il convient de noter que l’International Crisis Group (ICG) avait décrit dans un rapport détaillé en 2024 que la situation économique de la ville d’El-Fasher était devenue catastrophique, que l’économie avait commencé à s’effondrer et que la famine avait commencé à se répandre.
NOUS REFUSONS DE NÉGOCIER AVEC LES MERCENAIRES ET LES APPELONS À DÉPOSER LES ARMES IMMÉDIATEMENT
En ce qui concerne la perspective d’une résolution entre les parties au conflit et l’établissement de la paix, l’ambassadeur du Soudan en Tunisie a confirmé que la position du Soudan est claire à cet égard, à savoir le refus de négocier avec les mercenaires et les hors-la-loi.
“La seule solution actuellement à la crise politique en cours dans le pays réside dans la conformité des FSR aux décisions du Conseil de sécurité, le dépôt immédiat des armes, ainsi que l’arrêt immédiat et complet de toutes les hostilités”, a-t-il souligné.
D’ailleurs, le groupe des quatre impliqué dans la crise soudanaise, qui comprend les États-Unis, l’Arabie saoudite, l’Égypte et les Émirats, s’est réuni le 12 septembre dernier à Washington pour des consultations en faveur d’une solution politique au Soudan et de la mise en œuvre de son plan de paix, mais sans progrès à cet égard.
Ce plan consiste à établir une trêve humanitaire de 3 mois, menant à un cessez-le-feu permanent, ensuite à un processus de transition inclusif et transparent sur 9 mois, réalisant les aspirations du peuple soudanais vers un gouvernement civil indépendant.
En effet, les membres du Conseil de sécurité ont demandé hier aux FSR de lever le siège d’El-Fashir, en se basant sur la résolution 2736 du Conseil de sécurité, qui appelle à un cessez-le-feu immédiat et à l’apaisement des tensions à El-Fashir et dans ses environs.
Les membres du Conseil ont également condamné les atrocités commises par les FSR contre les civils, y compris les exécutions sommaires et les arrestations arbitraires, en exigeant la responsabilité de tous les auteurs des violations odieuses.



