Mémoire et paix : un rappel nécessaire dans un monde incertain

Département de recherche, d’études stratégiques et de relations internationales 15-12-2025
By Minhui XUE, journaliste CGTN
La Journée nationale de commémoration des victimes du massacre de Nanjing souligne la valeur de la paix et la nécessité d’une vigilance éthique face aux dérives scientifiques, comme celles de l’Unité 731. Cette mémoire s’inscrit dans une réflexion universelle sur les crimes de guerre et les responsabilités partagées. Elle éclaire la voie du développement pacifique et du dialogue entre nations.
Chaque 13 décembre, Journée nationale chinoise de commémoration des victimes du massacre de Nanjing, les sirènes dalerte aérienne résonnent dans la ville. Les passants sarrêtent, le silence sinstalle. Cette brève suspension du quotidien ramène un épisode tragique dans lespace public non pour raviver les rancurs, mais pour rappeler, de manière sobre et lucide, ce que lhistoire a laissé en héritage. Les mémoriaux et les musées deviennent, ce jour-là, des repères visibles dune mémoire collective marquée par la violence, et dune conscience profondément ancrée de la valeur de la paix.
Placée dans une perspective historique plus large, cette commémoration évoque également une réalité longtemps occultée : les crimes commis par lUnité 731 de larmée japonaise. Des archives soviétiques déclassifiées, rendues publiques le 13 décembre par les Archives centrales de la Chine, confirment la préparation et la mise en uvre de la guerre biologique ainsi que les expérimentations humaines menées par cette unité, en violation manifeste des conventions internationales. Ces éléments établissent le caractère organisé et systémique de ces crimes, qui inscrivent lUnité 731 non seulement dans lhistoire chinoise, mais aussi dans celle, plus universelle, des dérives de la science. Les rappeler, c’est souligner un risque constant : sans garde-fous éthiques, la science peut se transformer en instrument de destruction.
Cette interrogation traverse également dautres pays. Lexamen continu des crimes médicaux nazis en Allemagne, la lutte du Vietnam contre les effets durables de l’« agent orange » ou encore les actions judiciaires transnationales posent la même question : comment empêcher que les avancées scientifiques ne franchissent à nouveau des limites intolérables ? En Chine, une nouvelle génération revisite ces épisodes grâce aux archives numériques et aux productions documentaires. Elle redonne un visage aux victimes, transformant une mémoire nationale en réflexion éthique, lisible au-delà des frontières.
Se souvenir, ici, ne signifie pas seulement revenir sur le passé. Cest un acte tourné vers le présent et lavenir. Dans un contexte international instable, où les déséquilibres de développement alimentent les tensions, la paix apparaît moins comme un acquis que comme une responsabilité constante. Lexistence, au Japon, de courants politiques cherchant encore à promouvoir une lecture révisionniste de lhistoire et à minimiser leur responsabilité dans ces actes dagression souligne lurgence de cette vigilance. Qu’il sagisse des crimes de lUnité 731, des expérimentations médicales nazies ou des nombreuses crises humanitaires contemporaines, les leçons demeurent claires : plus les technologies progressent, plus les exigences éthiques doivent s’élever ; plus le développement saccélère, plus la vie humaine doit rester centrale.
Cette compréhension de lhistoire éclaire aussi la voie du développement pacifique de la Chine, de mieux en mieux reconnue sur la scène internationale. Elle répond à des attentes largement partagées : la quête de dignité, la volonté dautonomie, laspiration à une vie meilleure. Dans un monde où certaines forces politiques cherchent encore à instrumentaliser les fractures, la valeur du dialogue et de la paix prend un sens particulier. La mémoire historique devient alors un terrain commun permettant détablir des passerelles entre sociétés et cultures.
Si lhistoire a imposé à différents peuples des souffrances comparables, la coopération fondée sur un développement partagé ouvre aujourdhui une perspective commune. Dans cette optique, commémorer les blessures du passé nest pas seulement un devoir, mais un projet : celui de promouvoir une science responsable, des institutions respectueuses de la vie humaine et une paix capable de résister aux crises. Tant que les sociétés accepteront de tirer les leçons de leur histoire et de défendre ensemble la paix, les mémoires douloureuses pourront devenir une ressource pour éclairer l’avenir.



